La révolution fraternelle du secours catholique
« Le monde des pauvres nous apprend que la libération arrivera non seulement quand les pauvres seront les destinataires privilégiés des attentions des gouvernements et de l’Église, mais quand ils seront les acteurs de leur propre lutte et de leur libération. »
Cette citation de Mgr Óscar Romero débute le livre de Véronique Fayet, présidente du Secours Catholique, que je vous invite à lire…
Si vous pensez encore que le secours catholique est juste là pour donner de la nourriture et des vêtements aux pauvres, c’est le moment de réviser votre vision. Et l’enjeu est posé dès le départ :
Se reconstruire, reconstruire notre société – qui est au bord de l’explosion – à partir des plus pauvres, voilà notre ambition : redonner du pouvoir d’agir aux personnes qui ont l’expérience de la pauvreté ou de l’exclusion afin de repenser et de bâtir avec elles un monde juste et fraternel.
Certes comme on s’y attend, l’auteur nous définit la pauvreté économique et nous dit qu’il y a 1 million de pauvres supplémentaires depuis 2008. Un sacré chiffre ! Mais elle ne s’y enferme pas, et parle des préjugés et autres idées fausses véhiculées sur les personnes vivant en grande précarité. Et elle nous parle du « regard qui tue », celui qui est trop souvent porté sur les plus pauvres…
Elle va plus loin en affirmant que les pauvres nous enseignent l’universalité, propose de réinventer la protection sociale, veut remplacer l’exclusion bancaire par l’inclusion, réaffirme l’hospitalité comme valeur politique et la migration comme un droit.
Bien sûr il s’agit du Secours Catholique, elle nous parle donc de religion, ou plutôt de spiritualité qu’elle ne confond pas avec la religion. Et dans la ligne de Laudato Si, la justice sociale va de pair avec l’écologie, avec le triple cri des pauvres, de la planète et de la démocratie…
Car ce petit livre a aussi un aspect politique (au sens plein du terme). On y parle donc économie et fonctionnement de la société, que cela soit à partir des accorderies québécoises, ou de l’expérimentation « territoires zéro chômeur longue durée ».
Oui je vous conseille de réfléchir (et pas seulement de le lire) sur ce petit livre. Une trentaine de pages, 4 €, il en vaut la peine.
L’évolution exprimée ici pour une des plus anciennes associations d’entraide, est pour moi une source d’espoir. J’aime bien, sur ce plan, le titre d’un de ses chapitres :
NE CÉDONS PAS AU CATASTROPHISME : INNOVONS !
J’ajoute que j’ai eu la chance d’écouter Véronique Fayet récemment, lorsqu’elle est venue présenter son livre à la librairie La Procure, à Lyon. Un dynamisme qui fait plaisir à voir et donne envie de continuer ce combat pour la justice et la dignité de tous.
Michel Lansard
FAYET, Véronique. Révolution fraternelle, le cri des pauvres – Éditions Indigène.
–> https://www.secours-catholique.org/actualites/le-manifeste-de-veronique-fayet-pour-une-revolution-fraternelle