« TRICKLE UP » CONTRE « TRICKLE DOWN »

Cordée

Le Président Macron a marqué les esprits, en positif comme en négatif, en parlant des « premiers de cordée ».

Voici quelques réflexions que cela me suggère…

Expérience personnelle

Il y a quelques décennies j’étais en partance pour l’aiguille du tour (3500 mètres, au dessus de Chamonix). Nous étions répartis en deux cordées. Pas de souci à la montée, en passant par le col du Tour. Le  chef de cordée a bien jouer son rôle, et nous avons tous atteint l’objectif.

Lors de la descente, ma cordée a laissé l’autre équipe repartir en avant. En arrivant au col, surprise : ils avaient sacrément avancé et étaient plus bas que ce que nous pensions. Il s’est avéré que leur cordée avait dérapé et avait longuement glissé. Heureusement l’un d’entre eux avait réussi à planter son piolet et avait stoppé la chute, 30 mètres avant des crevasses. Quelques bouts de chair arrachés par les rochers, une crise de nerf, mais tout le monde était vivant. Cette fois, ce n’était pas le chef de cordée qui avait sauvé les autres.

Une cordée, c’est un espace de solidarité absolue, la vie de tous dépend de chacun, premier ou dernier…

Tirer ou pousser ?

Non le premier de cordée n’est pas là pour tirer les autres 😉

Mais certains s’imaginent que pour lutter contre la pauvreté il suffit que certains progressent et que cela tirera les autres, jusqu’au dernier. L’histoire, à travers tous les pays, nous apprend que cela ne marche pas. Si certains effectivement arrivent à suivre, plus ou moins, les plus faibles, les plus éloignés, sont même encore plus laissés pour compte.

En reprenant l’image, imparfaite de la corde, on découvre que c’est plutôt un élastique. quand on tire dessus elle s’allonge et les inégalités avec elle.

Et si, pour continuer de  façon imaginée, on essayait de pousser ? Partir de ceux qui sont au plus bas de cette corde et remonter. C’est ce que montre l’action d’ATD Quart Monde. Prioriser les plus pauvres, les plus éloignés,… est la seule façon que tout le monde avance.

Stop à la théorie du ruissellement

Cette théorie économique affirme que l’avancée en haut de l’échelle sociale, va redescendre pour que le reste de la population en profite ensuite. Elle est encore largement répandue dans le monde politique, à gauche comme à droite ou au centre. Pourtant elle commence à être contestée par des économistes.

Certains tenants du libéralisme sont en train de s’apercevoir que les pauvres peuvent être utiles à l’économie et à la société, non pas s’ils restent pauvres, comme trop de ces gens-là le pensaient jusqu’à aujourd’hui, mais s’ils deviennent moins pauvres.

Depuis environ 2014, des économistes du capitalisme de marché et de la libre entreprise commencent à reconnaître que l’économie se porte mieux si elle est moins inégalitaire et que les politiques de redistribution ne sont plus l’ennemi à abattre, mais peuvent faire partie des solutions, après l’échec de toutes les autres solutions tentées contre la crise économique et les inégalités.

Ces économistes libéraux sont en train d’abandonner le « trickle down effect » (l’« effet de ruissellement »), qui prétend que lorsque l’économie est tirée en avant par les riches, les pauvres en retirent toujours quelques miettes, pour adopter le « trickle up effect », qui signifie que lorsque les classes démunies voient leur pouvoir d’achat augmenter, cela profite à toute la société.

C’est un progrès relatif, mais un progrès à noter…

Michel Lansard

Article à relire :
–> http://jautre.com/rsa-augmenter-ou-diminuer

 

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