Mathilde peut-elle être  Jeanne d’Arc ?

Orléans est connu pour ses fêtes joanniques. Et bien sûr il faut que quelqu’un incarne le personnage historique de Jeanne d’Arc. Or cette année cela fait débat…

Jeanne

Les faits

Mathilde Edey Gamassou a 17 ans. Elle a été élue parmi un panel de 250 jeunes filles, à partir de certains critères : être catholique pratiquante, habiter Orléans depuis au moins 10 ans, être scolarisée dans un lycée de la ville et donner bénévolement du temps aux autres. Jusque là, tout va bien.

Sauf que certains s’étranglent de rage, car d’origine polonaise et béninoise, elle est métisse. Et elle ne peut, selon eux, représenter la célèbre Jeanne, qui, c’est bien connue, était fort blanche !

Je passe sur les insultes racistes qui circulent sur les réseaux sociaux, je ne suis pas là pour les répéter. Je ne rentrerai pas non plus dans le débat avec ceux qui y voient l’abandon de l’histoire de  France, et la prise de pouvoir des étrangers sur notre pays. Certains y voient même la main mise de l’islam (ont ils lu qu’elle était catholique ?).

Réflexion à chaud

Sous couvert d’exiger une Jeanne d’Arc ressemblant à l’original, donc blanche, il n’y a de fait que du racisme, et aucun argument historique.  Car si on voulait vraiment retrouver le personnage de Jeanne la Pucelle, on ne se préoccuperait pas seulement de sa couleur de peau. Mais on aurait exigé des 250 candidates, un certificat de virginité, comme le fit le roi Charles pour la vraie Jeanne. En fait il n’y en aurait pas 250, car il faudrait déjà qu’elle soit bergère de lorraine et  soit seulement âgée de 16 ans.  Et je suis gentil, je n’exige pas qu’elle ait entendu des voix à l’âge de 12 ans…

Réflexion plus large

Indépendamment des thèses racistes, il y a la question de savoir qui peut parler au nom d’une cause. Mathilde peut-elle représenter celle qui incarne la défense de la France face à l’envahisseur ? Et plus largement, un blanc peut-il porter et défendre le combat d’un noir, un homme peut-il défendre le droit des femmes à dire non lors d’un harcèlement sexuel, un jeune peut-il parler à la place de personnes âgées dans leur combat pour des droits, un riche peut-il être solidaire et défendre la cause des pauvres,… ?

Ou seulement les noirs peuvent-ils parler de la vie des noirs, les femmes de la vie des femmes, les pauvres de la vie des pauvres,…

Sommes nous condamnés à vivre dans nos bulles sociales, ethniques, culturels, physiques,… ?

Ou un humain, une humaine, peuvent-ils être considérés comme des personnes valant tout autre personne au delà des différences apparentes ou non… ?

Michel Lansard

2 réflexions au sujet de « Qui peut-être Jeanne d’Arc »

  1. Je reviens sur une chose importante : les strophes du Père Joseph Wresinski « Je témoigne de vous« . Cet homme a témoigner au nom des plus pauvres, car il a connu la grande pauvreté. Il sait de quoi il s’agit lorsqu’il dit  » je témoigne de vous, pauvre de tous les temps ». vUne phrase du père Joseph.
    Mieux que tout autre, NOUS savons réellement ce qu’est la liberté, NOUS qui avons toujours vécu sous la tutelle et la dépendance d’autrui. L’honneur d’être un homme, NOUS en savons le prix, nous qui supportons le poids du mépris.
    C’est une phrase dans l’adresse aux militants et délégués du quart monde.

  2. Tout être humain vaut tout être humain au delà des différences. Tiens, toi Michel et moi Lucienne, nous valons tout les deux une autre personne. Deux seulement deux choses nous différencies l’un de l’autre : Notre histoire de vie, tu n’as pas connu la grande pauvreté. Moi j’ai connu la grande pauvreté. L’autre raison qui nous différencie, c’est que tu es de sexe masculin et moi du sexe féminin.
    Je partage ta réflexion à chaud et bien sur celle de ta réflexion plus élargie.
    Michel, peux tu parler en mon nom mon expérience de la grande pauvreté, tu peux le faire si tu en connais mon histoire. Il faut que tu ai lu ou entendu des témoignages. Si c’est le cas tu peux parler en mon nom, mais tu ne peux pas témoigner en mon nom. Très intéressant ton article.

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