Dialogue interreligieux, laïcité et liberté

Quel dialogue interreligieux, pour quelle laïcité et quelle liberté ?

On parle beaucoup de dialogue interreligieux. On dit aussi que la laïcité de 1905 est pour la liberté religieuse. Et cela me gêne quelque peu…

Dialogue interreligieux

Dialogue, vous avez dit dialogue…

Il y a quelques décennies le dialogue entre croyants était « œcuménique ». C’était un combat. Certains le refusaient fortement. Taizé (mais pas seul) en a été un phare
emblématique. Aujourd’hui on voit les 2 courants principaux protestants fusionner davantage. On entend par exemple les aumôneries hospitalières catholiques et
protestantes lyonnaises se présenter ensemble…

L’œcuménisme, c’est à dire le dialogue inter-chrétiens, a fait de gros progrès entre
protestants et catholiques, sans oublier les anglicans. C’est moins évident avec le monde orthodoxe. Mais il y a des avancées certaines.

Aujourd’hui on parle davantage de « dialogue interreligieux ». Mais le plus souvent en fait, il s’agit de dialogue abrahamique. J’entends par là que cela rassemble chrétiens, juifs et musulmans, donc les enfants d’Abraham.

Il y a beaucoup à faire sur ce plan. L’encyclique Nostra Aetate a joué un rôle fondamental sur le dialogue judéo-chrétien. D’autres textes, rencontres,… ont complété, même si parfois cela créait des tensions (on se rappelle du discours de Ratisbonne par Benoit XVI, qui a tant choqué, essentiellement par malentendu, les musulmans).

Les rencontres d’Assises ont entamé un dialogue plus large, incorporant des religions asiatiques comme le bouddhisme. Récemment le Vatican a initié de façon plus formel un dialogue avec le taoïsme.

Tout cela est fort bien. Mais ne me satisfait pas assez.

Je milite pour le dialogue interconvictionnel, qui englobe les précédents.

En France en particulier, la majorité de nos concitoyens est hors religion : athée, agnostique ou totalement indifférent. Le vivre ensemble et donc le dialogue, doivent concerner tout le monde.

Là aussi il existe quelques lieux de rencontre (le mouvement « Coexister » et ses « Interfaith Tour « par exemple, ou « Démocratie et Spiritualité »,…) mais ce n’est pas suffisant.

Vous parlez de laïcité et de libertés ?

Nombreux sont les débats sur la laïcité. Je dirai « les » laïcités, voir les 7 laïcités pour reprendre le livre de Jean Baubérot dont j’ai déjà parlé ici.

Mais si on en s’en tient à l’aspect légal, j’entends souvent que la laïcité, la loi de 1905,… protègent la liberté religieuse. C’est vrai !

Mais là aussi c’est insuffisant !

Il m’intéresse plus de protéger la liberté de conscience !

C’est à dire la liberté de croire, certes, que cela soit en un dieu unique ou en plusieurs dieux.
Mais c’est aussi la liberté de ne pas croire, et même celle de pouvoir changer de croyance !

Conclusion, toute personnelle

Personne n’a le droit de m’obliger à croire quoique ce soit.
Je n’ai pas le droit de forcer quelqu’un à croire quoi que ce soit.
Et chacun a le droit de parler librement de ce qu’il croit ou non.

Chacun peut mener sa vie en fonction de sa croyance,
du moment qu’il respecte les lois votées collectivement en démocratie.

Mais pour vivre ensemble il faut en connaitre un minimum sur ses voisins, et donc sur ce qu’ils croient. Connaître quelque chose de vrai, et non des rumeurs et des préjugés.
C’est le rôle (entre autre) du dialogue interconvictionnel, dans le respect de la liberté de conscience…

Un dialogue où on ne me force pas à me renier,
où je ne cherche pas à convaincre l’autre,
mais où chacun cherche à comprendre l’autre pour mieux vivre avec lui.

Si j’ose dire, une « sacrée » aventure… !

Michel Lansard