Bernadette Cornuau
Bernadette a 23 ans, en cette fin d’hiver 1957…
Elle est secrétaire de direction chez l’Oréal, donc le monde du luxe…
Suite à l’appel de l’Abbé Pierre elle arrive avec son solex à l’entrée d’un camp de baraquements étranges, à Noisy-le-Grand, là où il n’y a plus de bitume…
Un petit garçon (entre 4 et 5 ans) est seul sur un monticule de boue. Il fouette l’air avec son bâton. Bernadette s’approche. Le garçon s’arrête, la regarde fixement et déclare d’une traite : « Papa a cassé tout dans la maison cette nuit. Maman elle a pleuré« …
Ainsi commence la nouvelle vie de Bernadette…
Bernadette Cornuau : une vie avec les plus pauvres
Bernadette a suivi Gérard, le petit garçon, dans le camp.
Puis elle revient quelques jours plus tard…
Elle rencontre alors le père Joseph Wresinski, ce curé que beaucoup disait plutôt fou et qui vivait là, avec 252 familles… Il l’emmène visiter une des familles, puis au retour lui propose de faire le catéchisme. La réponse jaillit « tout mais pas ça !« . Bernadette, sans être militante, est athée.
Pas de souci. Il lui propose alors d’aller aider une femme du bidonville, qui chaque dimanche, apprend la danse à des fillettes, là-bas, dans l’igloo jaune…
Bernadette y viendra bénévolement chaque dimanche pendant 2 ans !
Puis elle a besoin de réfléchir à sa vie. Elle part, pour l’Oréal, pendant un an à Londres, pour apprendre l’anglais.
Le père Joseph ne l’a pas oubliée.
Il lui demande d’organiser un séjour pour lui, pour découvrir la pauvreté et la lutte contre la misère en Grande-Bretagne. Un voyage qui aura une grande importance pour la suite…
Un an après, au lieu de reprendre sa place dans le luxe parisien, elle s’engage à plein temps à ATD Quart Monde. Le Père Joseph l’envoi avec Nadine, vivre dans le bidonville de La Campa, à la Courneuve (région parisienne). Dures batailles pour se faire accepter, faire reconnaître l’existence des familles, obtenir que les enfants puissent aller à l’école, ou que la mairie installe quelques fontaines d’eau…
Un livre à lire absolument
Noisy-Le-Grand, la Campa, New-York, la Cerisaie (Stains), Lille, … Bernadette a partagé au quotidien la vie des familles les plus exclues en de nombreux quartiers de misère.
Mais elle est aussi intervenue à différents niveaux nationaux et internationaux… pour faire avancer la lutte contre exclusion.
Jean-Michel Defromont est volontaire permanent d’ATD Quart Monde, comme Bernadette Cornuau. Outre son engagement auprès des plus pauvres, il aime et sait écrire. Il nous propose un très beau livre où, après de nombreux interviews, il présente la vie de Bernadette…
Et, à travers elle, on rejoint la vie de familles exclues avec lesquelles elle a vécu,
avec et pour lesquelles elle s’est battue toute sa vie, vie qu’elle quitta le 9 juin 2012…
Ce livre est facile à lire. Je l’ai dévoré en 2 heures.
Des heures qui ne laissent pas indifférent…
Faites-vous un cadeau que vous ne regretterez pas.
En plus c’est un cadeau dont le rapport prix/émotions/réflexions/partage est imbattable 😉
Vous le trouvez à la librairie ATD Quart Monde, pour seulement 8 €.
–> www.atd-quartmonde.fr/produit/jai-cherche-si-cetait-vrai.
Un dernier mot
Nous sommes en 2012. Bernadette est très malade. Elle dialogue avec Jean-Michel.
Bernadette : « On a fait un choix. Ne pas y revenir tout le temps. Vivre ».
Jean-Michel : « Cela veut dire quoi « vivre » dans ce contexte là ? »
Bernadette : « C’est l’engagement. Toujours.«
Silence. Puis pesant ses mots, un à un, comme on dispose délicatement, sur l’étagère, une vaisselle aussi fragile que précieuse, elle poursuit :
« Pour que, absolument, chacun soit considéré… traité comme une personne humaine, qu’il est.
Qu’il découvre sa personnalité humaine, se considère ainsi. »
Donnez-vous cette chance, de rencontrer Bernadette…
Et dites-le autour de vous…
Michel Lansard
PS : j’aimerai beaucoup avoir vos réactions si vous avez envie de les partager…
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