De plus en plus de murs
Donald Trump fera t-il son mur entre le Mexique et les États-Unis ? L’histoire le dira. Toujours est-il qu’il y a de plus en plus de murs sur notre planète et dans nos cœurs…
On peut même parler de la mondialisation du marché des frontières fortifiées.
Mais les murs ne sont pas seulement là où l’on pense…
Sur mon marché ce matin
Mon quartier est populaire, avec de plus en plus de familles immigrées. Il est 10 heure, et il y a beaucoup de monde sur le marché. Une femme se retrouve face à moi dans l’allée, et on a du mal à se croiser avec nos caddies. Je lui souris en disant « à cette heure il y a beaucoup de monde« . Elle me regarde à peine et maugrée : « ils n’ont qu’à retourner chez eux…« .
Pas difficile de deviner qui sont ces « ils« , ces envahisseurs… Sans doute aimerait-elle bien les voir bloqués quelque part par un mur qui la protégerait de ceux venus d’ailleurs…
Promenade en vélo
Ma promenade m’amène dans un quartier très différent. Les maisons sont cossues, le silence règne… Et puis, dans un coin, une grande grille…
C’est l’entrée d’un « micro-quartier ». Derrière cette grille, plusieurs allées, et des dizaines de villas particulièrement imposantes. Un « ghetto de riches » qui se protège !
Finalement, pas besoin d’aller bien loin pour voir des murs…
Une série de courriels d’alerte !
En rentrant je regarde mes courriels. Plusieurs personnes, dont certains lecteurs de ce blog, m’alertent sur la situation de 2 familles.
Elles vivaient depuis cet été dans des cabanes construites vaille que vaille, sur un « parc » désaffecté. Et c’est au moment où l’hiver se présente que quelque part, quelqu’un a décidé de les expulser.
Ici il fait 2° le matin.
On mobilise donc des forces de l’ordre (qui ces temps-ci n’ont rien à faire bien sûr) et on envoie un bulldozer, pour tout détruire. Le pauvre petit « patrimoine » amoncelé via les aides d’associations ou de personnes, finit à la décharge.
Les 6 enfants, qui étaient accueillis à l’école voisine, se retrouvent sans toit, sans école,… Tout le monde plonge dans le froid.
Et on met en place une barrière, un autre mur, pour les empêcher de revenir. Outre que cela montre bien la désaffection de ce petit parc, tout cela augmente les frais de l’opération. Pas d’argent pour les aider à vivre, mais de l’argent (police, bulldozer, matériel,…) pour les aider à moins vivre…
Ces familles ne sont rien. Elles n’ont pas de poids, pas de voix. Leur vie, leurs cris, leur pensée… ne sont que des murmures.
Isolés, ils ne sont perçus que comme une gêne, et j’ose dire, des déchets, tout juste bon à être livrés au bulldozer.
Heureusement des bénévoles associatifs se mobilisent pour les soutenir, d’où les copies de mails que je reçois, adressés à la mairie, aux services sociaux , au Samu social,… qui répondent qu’il n’y a plus de place d’hébergement. Car là, curieusement, il n’y a plus assez de murs pour pouvoir les abriter.
On rapporte quelques vêtements et couvertures. Et on cherche un logement. Pour cela il faut trouver 20 personnes s’engageant à payer 30 € par mois, pour ce loyer…
Étrange monde dans lequel doivent vivre ces 6 enfants…
Michel Lansard
Notes
Expulsion lyonnaise
–> http://lyonbondyblog.fr/LBB/bulldozers-jettent-deux-familles-roms-a-rue/
Mondialisation du marché des frontières fortifiées
–> http://www.courrierinternational.com/article/2014/11/07/il-y-a-une-mondialisation-du-marche-de-la-frontiere-fortifiee-beau-paradoxe-non