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Idées fausses sur les pauvres : l’impôt !

On entend parfois  des idées fausses sur les pauvres, telles que :
« les pauvres, ils n’ont rien le droit de dire, puisqu’ils ne payent pas d’impôts ! »
« Ils vivent à nos crochets ! »

Examinons un peu cela…

Démocratie censitaire

Il fût un temps, pas si lointain, où la France vivait une démocratie censitaire. Un tel régime ne permet de voter que si on a un certain revenu. Cela a été aboli en 1848 par la constitution de la seconde république, qui apporta le suffrage universel. Ou du moins pour les hommes, puisque les femmes n’y auront droit qu’en 1944 (et l’exerceront pour la première fois en 1945).

Donc tout citoyen ou citoyenne a le droit de s’exprimer sur la conduite du pays, qu’il paye ou ne paye pas d’impôt, qu’il soit économiquement riche ou pauvre.

Certains riches aussi ne payent pas d’impôt

C’est une réponse que l’on rencontre parfois. L’idée est que si on accepte cela pour des riches on doit l’accepter pour des pauvres.

C’est vrai  que certaines personnes riches ne payent pas d’impôt sur le revenu.

Pour certaines cela relève de la fraude fiscale et doit être condamné. Des exemples ont été largement médiatisés…
Mais pour pratiquer l’évasion fiscale il faut avoir des revenus à cacher, et de l’argent pour payer des fiscalistes… Les personnes pauvres ne sont pas concernées.

D’autres personnes  obtiennent des réductions ou des crédits d’impôts. L’État prévoit de réduire leur imposition en échange d’investissement particulier (isolation d’une maison par exemple). Le but est de motiver à agir en fonction d’une politique nationale.

On peut aussi avoir des réductions en faisant des dons à des associations reconnues. Cela permet au citoyen d’orienter une partie de l’action collective en fonction de ses centres d’intérêts.

Concernant la méthode, on distinguera la réduction d’impôt (qui nécessite d’être imposable sur ses revenus pour pouvoir en profiter) et les crédits d’impôts (qui s’adressent à tous, imposable ou non). Les plus pauvres peuvent alors profiter de ces crédits d’impôt, à condition bien sûr d’être bien informé et de savoir monter un dossier… ce qui est loin d’être évident.

Je me souviens (il est vrai il y a de nombreuses années), au Québec, de ces officines à la morale élastique, qui  proposaient aux personnes les plus pauvres de faire leur déclaration d’impôts gratuitement, en se réservant une très grosse partie de l’argent récupérée… sous prétexte de se dédommager.

Ceci dit, cette comparaison riche-pauvre  n’est pas la réponse la plus pertinente face à la déclaration posée en en-tête !
Car cette déclaration est tout simplement fausse !

Les pauvres échapperaient à l’impôt ? C’est faux !

Certes, en France, les familles pauvres ne sont pas imposables sur leurs revenus. C’est d’ailleurs aussi le cas de familles à revenus modestes sans être vraiment très pauvres.

Mais l’important c’est la notion d’impôt !

Il y a de nombreux impôts en France, pas seulement l’impôt sur le revenu.
Il y en a plus de 200 !
Rassurez-vous je ne vais pas les détailler. L’important est de savoir ce qu’il se passe pour les personnes pauvres.

Certains de ces impôts peuvent donner lieu à dispense si on a de faibles revenus (taxe d’habitation ou redevance télé par exemple). Mais il faut être informé, savoir faire la demande, et la renouveler régulièrement. De nombreuses familles n’en ont pas les moyens.

Mais surtout les pauvres payent certains impôts, comme tout le monde. Je pense par exemple à certaines taxes concernant les automobiles (permis de conduire,…), ou sur les spectacles, films, achat de DVD… ou encore sur les jeux  et loteries…
On me dira que ce sont souvent de petits montants. Peut-être. Mais relativement aux revenus des personnes les plus pauvres ce n’est pas négligeable.

Mieux ! Rappelons que la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) constitue la plus grosse partie de ce que l’on paye à la pompe à essence, pauvre ou riche, berline de luxe ou simple scooter !
Rappelons aussi  la taxe sur les alcools et le tabac (9,1% du budget de l’État français en 2010).

Mais n’oublions pas le principal impôt concerné : la TVA !
Tout le monde la paye !
Certes certains produits, considérés comme de première nécessité, ont un taux de TVA moindre. Mais ce ne sont que quelques produits.
Or, en 2010, la TVA rapportait 48,3% du budget de l’État.

Pas besoin de calculette pour voir que les plus pauvres contribuent au budget national !

Malheureusement ce sont surtout des impôts « invisibles ». Quand je vivais au Québec, les prix étaient annoncés hors taxe (même le menu du jour au restaurant par exemple). On voyait bien que tout le monde était taxé. En France (sauf pour les entreprises) on indique le prix TTC. On n’a donc pas l’impression de payer un impôt.

Ils vivent à nos crochets

C’est une très vielle idée.
On la retrouve même, telle qu’elle, chez Karl Marx, dans le 18 Brumaire de Napoléon Bonaparte, dans lequel il explique que « tous les membres du sous-prolétariat éprouvaient le besoin de vivre aux dépens de la nation qui travaille ».

Combattre les idées fausses sur les pauvres

Les préjugés, les jugements à l’emporte pièce, les idées fausses… existent sur de nombreux sujets et à propos de nombreuses personnes. Aucun de nous n’est à l’abri.

Mais les plus pauvres en subissent le plus grand nombre !
Et ils en souffrent énormément.

Je reviendrai sur certaines de ces idées fausses sur les pauvres, mais dans l’immédiat je vous invite à lire un petit ouvrage d’ATD Quart Monde intitulé :
« En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté » .

Il recense 104 idées fausses.
Pour 5 euro, ce n’est pas cher l’idée 😉
Mais la connaître et savoir la combattre, cela peut rapporter gros… humainement !

Vous trouvez ce livre ici :
–> https://www.atd-quartmonde.fr/produit/en-finir-avec-les-idees-fausses-sur-les-pauvres-et-la-pauvrete/

Bonne lecture…
Et n’oubliez pas. Vous avez le droit de réagir 😉
Après tout, c’est peut-être moi qui ai des idées fausses…

Michel Lansard

PS : zone de commentaire libre après l’article…