Enfants en quartiers difficiles : casser les préjugés
Dans les quartiers difficiles on entend trop souvent des idées toutes faites, sur ces parents qui ne s’occuperaient pas de leurs enfants. Un rapport de l’Unicef est intéressant à ce sujet…
Depuis longtemps
J’ai souvenir de familles, déjà dans les années 70, à qui l’on reprochait de ne pas s’occuper de leurs enfants sur le plan scolaire, de ne pas penser à leur avenir…
Et pourtant je voyais des colporteurs faire du porte à porte pour escroquer des familles déjà fragilisées, en leur vendant, à crédit, d’énormes encyclopédies. Elles les achetaient, convaincues que cela servirait beaucoup pour que leurs enfants réussissent à l’école. Or cela contribuait surtout à plomber les maigres ressources financières. Et un jour, un huissier venait saisir ce qu’il pouvait pour non paiement du crédit. Puis un autre jour un service social venait placer les enfants « menacés »…
Ce n’est qu’un des nombreux exemples où en voulant bien faire pour leurs enfants, ces familles se retrouvaient condamnées comme mauvais parents.
Aujourd’hui
Les incompréhensions sont encore trop nombreuses, entre des familles défavorisées et les différents services…
Un rapport de l’Unicef, avec une étude sur 22000 enfants, apporte un éclairage intéressant.
Il montre que les enfants (6 – 18 ans) vivant dans les quartiers dits « prioritaires » de la politique de la ville se sentent, plus que les autres, soutenus par leurs parents.
Les jeunes de ces quartiers se sentent nettement plus valorisés que les autres, à la fois par leurs mères (67,2 % contre 54 % en centre-ville), par leurs pères (55,6 % contre 44 %) et par leurs amis (43,8 % contre 34,5 %).
71,3 % de ces enfants estiment qu’ils s’entendent bien avec leurs voisins, contre 57,8 pour ceux des centres-villes.
Ceci ne les empêche pas de porter un regard froid sur leur quartier. Ils lui attribuent une mauvaise réputation (19,8 %), le jugent sale (23 %) et même dangereux (12 %).
Question de regard
Les enfants de ces quartiers sont plus de 60 % à se dire angoissés de ne pas réussir à l’école. On peut voir cela de façon uniquement négative. C’est certain que cela serait mieux s’ils avaient une vision positive.
Mais on peut aussi porter un regard positif et voir qu’ainsi ils marquent un intérêt certain
pour l’éducation et qu’ils se préoccupent de l’avenir.
J’espère que cette enquête contribuera à changer les regards et casser les préjugés et
autres idées fausses…
Michel Lansard
Rapport Unicef :
–> Grandir en France, un défi pour les 6 18 ans des quartiers prioritaires