Quand la misère traverse la vie jusque dans la mort
Nous sommes le 14 juillet 1960, au camp de Noisy le Grand, où vivent dans la boue, 252 familles… et un prêtre, le père Joseph Wresinski.
Un homme vient au camp en voiture pour déposer un paquet de linge…
Sans attendre de savoir ce qu’il veut, le Père Joseph lui demande un service urgent :
un homme est mort depuis plusieurs heures et dans la chaleur torride, c’est intenable. Personne ne veut venir constater le décès.
« Puisque vous avez une voiture, allez donc nous chercher le médecin légiste », lui demande-t-il. L’homme obtempère. Il s’appelle André Etesse et est directeur général adjoint d’une grande entreprise. Mais il a la surprise de constater que la mairie refuse de prendre en charge l’inhumation.
Non seulement la misère vous colle à la peau toute votre vie,
mais elle vous poursuit dans la mort !
N’ayant pas l’habitude que les choses lui résistent, André Etesse ne se laisse pas faire et parvient, au bout de plusieurs jours , à convaincre les services municipaux de faire leur devoir.
Assistant à la messe d’inhumation dans la petite chapelle du camp, il vit « les rats rôder autour du corps« .
Voilà un homme venu déposer du linge et qui avait rencontré une misère poursuivant un homme jusque dans son cercueil.
Le lendemain de l’enterrement, le Père Joseph lui demande de devenir président de l’association qu’il voulait créer. Après quelques jours de réflexion, conscient d’avoir à assumer un engagement hors de l’ordinaire, il accepte. C’est le début de la vie publique de ce qui est devenu le mouvement international ATD Quart Monde.
56 ans plus tard, un contrat obsèques pour les plus pauvres !
Même si beaucoup de progrès ont été fait, la mort et les enterrements sont encore difficiles pour les familles les plus pauvres et les plus exclues.
C’est pour cela qu’ATD Quart Monde, après des années de combat, a réussi récemment à mettre en place une assurance obsèques particulière.
Un contrat obsèques destiné aux personnes vivant sous le seuil de pauvreté, vient d’être annoncé, en partenariat avec CNP Assurances.
Le but est de permettre à tout le monde, donc aux personnes les plus pauvres, de pouvoir bénéficier d’obsèques dignes.
Il s’agit concrètement d’un contrat obsèques exclusivement réservé aux personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Cette particularité l’amène à fonctionner autrement : contrairement aux contrats classiques, les mensualités n’évolueront pas selon l’âge du souscripteur et seront toujours basées sur la tranche d’âge enregistrée à la souscription.
Mais comme tout contrat de ce type, les enfants n’auront plus à porter le poids des obsèques. Tout sera réglé avant le décès.
Michel