Fort Montluc, étape des dialogues en humanité
Avant les dialogues en humanité proprement dit (1,2 et 3 juillet), une rencontre
particulière nous était proposé au fort Montluc, à Lyon.
Un temps fort : les témoignages de 3 rescapés, au milieu de cette ancienne prison militaire, où a sévi, entre autre, la gestapo…
1) Une visite guidée
L’événement commence par une visite guidée du fort, animée par son directeur. Le fort date des années 1830, et servait à l’origine à la défense de Lyon. Au moment de la seconde guerre mondiale c’était une prison militaire, sous responsabilité de Vichy jusqu’en 1942, puis par les allemands ensuite.
La visite des cellules, chacune avec l’histoire d’un ou une prisonnière, est particulièrement forte. La majorité de ceux et celles qui y ont été internés, torturés,… y sont morts, comme Jean Moulin, torturé par Barbie. Les autres ont été déportés dans les camps en Allemagne et Pologne, où ils ont subi le même sort… Quelques uns ont survécus, comme par exemple le journaliste André Frossard…
2) Un spectacle mémoriel
En mémoire de tous ceux qui ont soufferts en ces lieux, , Malika Bellaribi-Le Moal, mezzo-soprano (Voix en développement: la voix en lien pour des femmes ayant subi des violences) chante au milieu des cellules, accompagnée du piano, tandis que le chorégraphe Azdine Benyoucef et des jeunes danseurs de Vénissieux dansent derrière les barreaux…
3) Agora sous le cerisier
On se retrouve ensuite dans la cour de la nurserie, sous un gros et vieux cerisier, faisant office d’arbre à palabre, à l’africaine.
Claude Bloch, rescapé d’Auschwitz (après être passé, à 15 ans, par le Fort Montluc),
Jeanne Allaire-Kayigirwa, rescapée du génocide des Tutsis,
Marcos Arruda, rescapé des prisons de la dictature brésilienne,
témoignent de ce qu’ils ont vécu.
Un débat s’instaure, animé par Geneviève Ancel, des Dialogues en humanité, pour réfléchir sur cette violence et comment la déconstruire. On écoute, entre autre, Bruno Tardieu (ATD Quart Monde), Jean Fabre (PNUD – Nations Unies), Charles Rojzman, (fondateur de la thérapie sociale), Malika Bellaribi-Le Moal (déjà citée),…
4) Deux expositions, deux femmes
On termine avec la visite commentée de 2 expositions. On y découvre la vie de 2 femmes rescapées des camps, amies, engagées de multiples façons, et entrées au panthéon en 2016 : Geneviève de Gaulle-Anthonioz (présentées par Mascha Joint-lambert) et Germaine Tillion (présentée par Dominique Doré-Rivé).
Ces expositions sont encore visibles ce week-end au parc de la tête d’or, à l’entrée des dialogues en humanité (porte des enfants du Rhône) jusqu’à dimanche soir.
Notons le bas de ce panneau concernant Geneviève de Gaulle Anthonioz. On y voit une photo du camp de Noisy le Grand, où est né le mouvement ATD Quart Monde en 1957.
252 familles abritées dans des » igloos » .
5) Un moment fort et particulier
Se trouver dans ce lieu d’histoire est en soi déjà un moment fort, que je vous invite à vivre. Le fort reçoit 25000 visiteurs par an, il y a une place pour vous…
Autre temps particulier bien sûr, les témoignages des 3 rescapés, chacun avec une histoire marquante, propre à chacun, dans des contextes différents… mais en même temps si profondément semblable face à l’horreur humaine…
Les 2 expositions rappellent aussi l’horreur, mais offrent l’espoir, avec ces exemples de résistance. Résistance face aux faits eux-mêmes, mais aussi résistance pendant toute une vie car ces 2 femmes ont continué toutes deux, à soutenir pendant des décennies leurs compagnes rescapées. De plus, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, reconnaissant dans le bidonville de Noisy en 1957 la même atteinte à la dignité humaine que celle vécue dans les camps, est devenue, jusqu’à sa mort, présidente d’ATD Quart Monde France.
J’ai été heureux et ému de vivre ce moment, et c’est pour cela que je vous le partage,
même si c’est de façon beaucoup trop restreinte…
Michel Lansard
Notes
Dialogues en humanité
–> http://dialoguesenhumanite.org
–> http://jautre.com/?s=dialogues+en+humanite
Fort Montluc
–> http://www.lyon-visite.info/resistance-fort-montluc-memorial-jean-moulin/
–> https://fr.wikipedia.org/wiki/Prison_Montluc
Geneviève de Gaulle-Anthonioz
–> https://fr.wikipedia.org/wiki/Geneviève_de_Gaulle-Anthonioz
–> https://www.atd-quartmonde.fr/qui-sommes-nous/notre-histoire/60-genevieve-de-gaulle-anthonioz/
Germaine Tillon
–> https://fr.wikipedia.org/wiki/Germaine_Tillion
–> http://www.germaine-tillion.org
Claude Bloch
–> http://france3-regions.francetvinfo.fr/rhone-alpes/2015/04/08/lyon-les-infatigables-temoins-de-la-deportation-700727.html
Jeanne Allaire-Kayigirwa
–> http://www.estrepublicain.fr/actualite/2014/04/07/rwanda-comment-guerir-du-genocide
Marcos Arruda
–> http://allies.alliance21.org/fsm/article220.html
Merci pour ce retour particulièrement juste de ces Dialogues en humanité au Mémorial de l’ancienne prison de Montluc, pas le fort mais l’ancienne prison pour ceux qui veulent accueillir et découvrir, comprendre et transmettre.
Je ne suis pas un grand lecteur, et pourtant, j’ai lu l’année dernière le livre de Geneviève Anthonioz de Gaulle « Le secret de l’espérance », mais aussi un témoignage de sa part en tant que rescapée des camps. Ce qui m’a le plus frappé dans ses récits, c’est de voir comment, au milieu du cahot et d’atrocités sans noms, il pouvait rester de la place pour l’espoir. Et aussi de comprendre comment, de cette espérance, a pu émerger des luttes, des résistances, de grands élans de solidarité et d’humanité.
J’ai entendu récemment des jeunes qui, alors qu’ils n’ont pas 25 ans, ne se voient pas d’avenir. Ils donnent l’impression d’être, à chaque instant, à deux doigts de baisser les bras face aux difficultés de leur vie. Quel espoir ont-ils pour le futur?
Geneviève expliquait comment c’est en se rassemblant entre prisonnières qu’elles ont pu lutter contre le désespoir. C’est le message que je retiens de son combat et que j’aimerais porter haut et fort aujourd’hui, et notamment aux jeunes qui devraient être considérés comme les premiers bâtisseurs du futur de l’humanité.
Yves