Pédophilie et évolutions (suite)

Ces jours-ci on voit souvent associés les deux mots : pédophilie et église (1). Je réfléchissais à ce sujet depuis quelques temps, hésitant à l’aborder, mais certaines réactions m’ont poussé. J’ai donc tenté, hier matin, de remonter un peu le temps, pour ne pas juger les affaires anciennes uniquement à la lueur de la pensée d’aujourd’hui.

Hasard des calendriers j’ai assisté hier soir à une conférence très intéressante sur les transformations de l’église catholique ces cinquante dernières années, en France, en Belgique et au Québec.

À la toute fin, l’intervenant français, politologue réputé, a ajouté une longue réflexion spontanée à partir des affaires de pédophilie récentes à Lyon.

pédophilie et église

Je me permets donc de faire ici un rapide résumé de ce que j’ai compris,  du moins sur les points qu’il  a abordé et que je n’avais pas perçus comme tels. Je ne reprends pas ses points rejoignant ceux que j’ai exposés hier, tels que perception du viol, sacralisation de l’enfant,…

Transformations sociétales vis à vis de la pédophilie

Il y a une transformation de l’imaginaire. L’autonomisation grandissante peut nous couper des autres. Mais elle peut aussi contribuer à mieux percevoir la souffrance des autres, souffrance qu’on imagine pouvoir être la notre…

On perçoit mieux la souffrance des enfant victimes. Ce n’était pas le cas il y a quelques années. Ainsi le rapport Kinsey (célèbre étude sur la sexualité vécue)  pouvait dire qu’un enfant maltraité n’est pas malheureux si ses parents n’en rajoutent pas…

On note aussi une évolution juridique forte. En 1989 la convention internationale sur les droits de l’enfant  parle de la pédophilie ! On développe alors une politique de bienveillance obligeant  à signaler tout cas de mauvais traitement vis à vis d’un enfant.

Pédophilie et église catholique

L’Église a évolué comme l’ensemble de la société.

Un décret du pape, en 1922, condamnait les prêtres qui abusaient en confession de femmes ou d’enfants.  La pédophilie était dénoncée comme crime infâme.

Mais c’était une condamnation morale. Elle n’était pas publique. L’État laissait l’Église gérer cela en interne.
D’une part la société n’était pas prête à l’entendre.
D’autre part  l’Église considérait que les droits de l’institution étaient supérieurs aux droits des individus.
Enfin, l’Église, « parfaite », ne pouvait être jugée  par l’imparfait qu’était l’État.

Conclusion provisoire personnelle

L’église catholique française traverse un moment difficile. Cela ne provient pas de la situation française en tant que telle. L’Église allemande l’a vécu plusieurs années auparavant. L’Église des USA est passée douloureusement par là (après l’enquête des journalistes de Boston)…

Indépendamment des maladresses de communication, on assiste à une transformation, largement poussée par le Vatican d’ailleurs, et c’est heureux…

Après l’Éducation Nationale, l’Église catholique française semble vouloir  avancer sur le bon chemin, et on devrait davantage la soutenir que la critiquer. Il n’agit pas de nier ses responsabilités, et encore moins d’oublier les victimes. Il s’agit juste d’encourager ce qui, semble t-il, va dans le bons sens…

Par ailleurs d’autres institutions, dites « muettes », pourraient peut-être réfléchir davantage à leur propre situation…

Michel

Notes
  1. Articles abordant les affaires de pédophilie au diocèse de Lyon

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