Être autre avec un smartphone

Les frais d’itinérance téléphoniques sont supprimés en Europe. C’est une bonne nouvelle pour le porte-monnaie des voyageurs. Mais si je relie cela avec l’usage du smartphones pendant les déplacements et que je réfléchis en fonction de la thématique de ce blog, à savoir la relation aux autres… Cela me pose question…

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Le smartphone aujourd’hui

62 millions de français ont un abonnement pour un mobile (sans compter les comptes
pré-payés). Et cela ne concerne pas seulement les jeunes, ni mêmes ceux qui ont les moyens financiers. On compte par exemple de plus en plus de personnes SDF ayant un smartphone.

Les plus jeunes communiquent de moins en moins avec l’écrit (courriels compris) mais plutôt avec les messageries orales instantanées comme Whatsapp, ou  de la vidéo conférence de type Skype ou FaceTime…

Les voyageurs l’utilisent pour le GPS, la recherche d’hébergement, ou pour s’informer lors de leurs visites (architecture de ce monument, explication historique d’un élément culturel,…). À Lyon par exemple je peux me promener sur les berges du Rhône et obtenir instantanément l’histoire de chacun des ponts de la ville lorsque j’en approche…

Et en plus, le smartphone permet de rester en contact avec ses amis, sa famille,… Je peux partir faire une ballade en vélo, arriver à un lieu qui me fait penser à un ami, et lui envoyer illico une photo en lui faisant deviner où je suis… Il peut me répondre… Et on peut entamer une conversation à propos de ce lieu…

C’est super mais…

Moi et les autres

Il y a 20 ans, j’aurai aussi penser à mon ami. Mais je serai resté là, à regarder ce paysage, cherchant à m’en imprégner davantage. Rentré le soir, j’aurai éventuellement envoyé une petite lettre à mon ami, voir une carte postale si j’en avais trouvé une qui soit adaptée. On en aurait parlé des jours, voir des semaines ou des mois plus tard…

Donc sur le plan de la relation amicale il y a un progrès. Mais sur le plan de le découverte du lieu, il y a un décrochage qui peut être gênant.

C’est pareil mais encore plus fort si je voyage à l’étranger pour découvrir un pays. Le fait de pouvoir à tout moment interrompre ma visite pour communiquer avec mes proches restés en France est rassurant pour eux, et sans doute pour moi. Mais cela m’empêche de me plonger pleinement dans la culture locale.

Le pire sur ce plan sont sans doute ces touristes, dont la préoccupation principale est de faire des selfies devant tel ou tel monument et de les envoyer immédiatement. On se demande si le but du voyage est de découvrir ce pays (ce monument) ou simplement de montrer aux autres qu’on y est.

Réseaux sociaux

Des outils comme Facebook, Google+, Twitter,… permettent d’être en contact avec ses amis. On peut échanger des informations. Super ! Mais on perçoit moins que le réseau dit social freine une certaine socialisation. En effet il  nous enferme dans le groupe de ces « amis ». Pire il ne nous montre que des informations correspondant, selon lui, au « profil » qu’il nous attribue. Il m’enferme dans une « pensée unique » qu’il a déterminé comme la mienne… selon lui.

Rompre le cordon

Un des rôles principaux de l’éducation d’un enfant est de lui permettre de devenir un adulte autonome, avec les moyens de se gérer, et de décider de sa propre vie. Il s’agit de « rompre le cordon ombilical« .

Les moyens modernes actuels permettent de communiquer avec les autres. Mais souvent ce sont « nos » AUTRES ! Et non pas les « autres » AUTRES.

Finalement on peut être à des milliers de kilomètres de chez soi, et n’être pas psychologiquement parti. La séparation physique n’apporte plus la séparation culturelle et psychologique. On ne rompt plus le cordon. Et finalement cela devient, inconsciemment, un empêchement. Si cela empêche seulement de découvrir vraiment la culture du pays que l’on visite, c’est dommage mais tant pis.

Mais l’image du cordon est parlante. Trop souvent cela empêche de « grandir ». On vit alors dans une « fausse altérité » qui empêche de découvrir la vraie altérité. On peut ainsi partir à la découverte des autres et s’empêcher de les rencontrer. On revient alors convaincu de les connaître, alors que l’on a gagné que de quoi alimenter les malentendus…

Conclusion provisoire

Il est nécessaire de garder la maitrise sur nos outils de communication si on veut rester ouvert au monde et aux autres, et ne pas être enfermé dans une pensée finie, sans évolution…

Michel Lansard

 

 

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