Aujourd’hui 2 novembre, jour des morts.
Non ce n’était pas hier le jour des morts. La Toussaint, comme le nom l’indique est la fête des saints, ceux qui sont déjà au ciel, et les chrétiens leur demande de prier pour nous.
Le 2 novembre c’est la fête des défunts, et les vivants prient pour eux, pour qu’ils puisse rejoindre le paradis.
Pourquoi parler de cela ici, moi qui ne suis même pas croyant. Parce que ce jour est l’occasion de voir un autre volet de l’exclusion sociale, celle qui se poursuit dans la mort…
14 juillet 1960, Noisy le Grand
Le 14 juillet 1960, un homme vient au camp en voiture pour déposer un paquet de linge. Dans ce camp (sur)vivaient 252 familles.
Sans attendre de savoir ce qu’il veut, le Père Joseph lui demande un service urgent : un homme est mort depuis plusieurs heures et dans la chaleur torride, c’est intenable. Et les rats commencent à rôder autour du corps. Personne ne veut venir constater le décès.
« Puisque vous avez une voiture, allez donc nous chercher le médecin légiste », lui demande-t-il. L’homme obtempère. Il s’appelle André Etesse et est directeur général adjoint d’une grande entreprise. Mais il a la surprise de constater que la mairie refuse de prendre en charge l’inhumation. N’ayant pas l’habitude que les choses lui résistent, il ne se laisse pas faire et parvient au bout de plusieurs jours à la convaincre de faire son devoir.
Voilà un homme venu déposer du linge et qui avait rencontré une misère poursuivant un homme jusque dans son cercueil. Une misère qui amena d’ailleurs André à devenir le premier président du mouvement ATD Quart Monde.
Deux cercueils au lieu d’un
Je ne sais malheureusement plus quel membre d’ATD Quart Monde m’a raconté la situation suivante, et je m’en excuse. Appelons le Georges.
Un ami de Georges, ayant vécu la galère toute sa vie, est décédé. Il veut le rejoindre pour l’enterrement d’autant qu’il sait qu’il n’y aura personne. Malgré son désir il arrive après la mise en bière. Et là surprise, il y a deux cercueils, car il y a deux personnes « indigentes » enterrées au même moment. Et chacune d’elle doit aller dans un cimetière différent.
Georges demande quel est le cercueil de son ami. Personne ne peut lui répondre. Il n’y a aucun nom sur les cercueils. Pas d’autre solution que de décider, au hasard, de suivre celui-ci plutôt que celui-là. Et l’incertitude à vie de ne pas savoir s’il a réussi à accompagner son ami.
Exclu dans la vie, exclu dans la mort…
Les droits humains cela compte aussi après la vie !
Éradiquer la misère, combattre pour la dignité de tous avec tous, passe donc aussi par le combat pour une mort digne. Tout combat nécessite des armes. Et pour celui-ci voici un ouvrage indispensable.
» MOURIR LORSQU’ON EST PAUVRE : « OÙ S’ARRÊTE LA DIGNITÉ ? «
Une des forces de ce travail, visant à permettre une fin de vie et un enterrement dignes, pour tous, a été le croisement d’expérience et de savoir entre personnes vivant la pauvreté, acteurs économiques, universitaires, responsables institutionnels, associatifs, politiques…
C’est une formidable ode à la vie, à l’humanité, pour changer le regard de notre pays sur la question des inégalités sociales face à la mort
Misère et dignité dans la mort, c’est par ici :
–> https://www.atd-quartmonde.fr/produit/mourir-lorsquon-est-pauvre-ou-sarrete-la-dignite/
Michel Lansard