Classes fermées par le Coronavirus
Les classes sont fermées en France, comme dans 105 pays. Ce sont plus de 960 millions d’enfants et de jeunes qui sont touchés par ces mesures.
Le gouvernement français demande aux enfants, aidés par leurs parents, de suivre des cours organisés par le CNED, mais la fracture numérique met à mal le projet.
Qu’est-ce que le CNED ?
Non le CNED ne vient pas d’être inventé à cause du coronavirus. Des dizaines de milliers d’élèves et de professeurs l’utilise depuis des années.
Dans son allocation du 17 mars Emmanuel Macron a utilisé plusieurs fois le mot « guerre » pour parler de la lutte anti-virus. Sachez que le CNED a été créé en 1939, au début de la seconde guerre mondiale. Il a été lancé à titre provisoire, pour « pallier la désorganisation du système d’enseignement due à la guerre« . Il est conforté dans son existence en 1953 et ne cesse d’évoluer avec la société.
–> https://www.cned.fr/media/703699/fiche-presentation-cned_avril2019.pdf
Il n’est donc pas étonnant que le gouvernement s’appuie sur le CNED en les circonstances actuelles.
Éducation Nationale et « Ma classe à la maison »
Le Ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, a annoncé que « tout le monde reste au travail, parmi les adultes, à l’Éducation Nationale, simplement certains le font par télé-travail, les autres le font en étant présent dans l’école et dans l’établissement »
Illustration dans le collège près de chez nous : un des volontaires permanents ATD Quart Monde vivant sur le quartier m’écrivait hier : « Certains enfants que l’on connait ont eu des devoirs donnés le vendredi (fin des classes). Au collège les profs ont envoyé des consigne et des exercices via « pronote » (plate forme en ligne pour les collèges), et le matin, de 9h à 11h pour les classes de 6eme – 5eme et de 14h à 16 h l’après midi pour les 4eme-3eme, les parents peuvent venir à l’école pour chercher les devoir sur papier ».
–> https://0170120n.index-education.net/pronote/
L’enseignement à distance sera assuré par les professeurs via des classes virtuelles avec la plateforme « Ma classe à la maison ». Celle-ci a d’ailleurs eu 220.000 inscriptions de plus en 24 heures…
–> https://www.cned.fr/maclassealamaison/
Fracture numérique
Le fait de permettre un enseignement en ligne est une bonne chose en soi. Mais comme le rappelle avec énergie ATD Quart Monde et d’autres associations, cela laisse de côté des centaines de milliers d’enfants, trop pauvres pour avoir un ordinateur chez eux. Et même ceux qui en ont, avec une connexion internet, ne savent pas forcément s’en servir pour accéder à ces cours.
Pour beaucoup d’enfants ce n’est pas simple. Ceux qui ont accès aux cours en ligne n’ont pas forcément les capacités à travailler seuls chez eux avec ces outils. Les parents ne sont pas forcément là, ou en capacité de soutenir certains niveaux de cours. Donc il y a une difficultés pour la majorité des enfants. ils ont donc besoin de soutien.
Mais la situation illustre bien malheureusement ce que l’on appelle la fracture numérique. Les enfants en situation de précarité n’ont ni les outils ni le savoir-faire pour poursuivre leur enseignement, et il est difficile d’avoir du soutien. L’exclusion sociale s’agrandit alors directement sous nos yeux…
Utiliser la télévision
Marie-Aleth Grard est vice présidente d’ATD quart monde et rapporteur du travail sur l’école fait au CESE. Elle proposait très tôt sur Twitter à ce que l’Éducation Nationale fasse un partenariat avec les télés et radios publiques pour offrir chaque jour aux enfants/jeunes des programmes éducatifs de qualité. Le poste télé est en effet plus répandu que l’ordinateur connecté.
Depuis le service public télévisé fait évoluer ses grilles de programmes pour aider les parents à faire face à cette situation de confinement. En lieu et place des programmes de la mi-journée, France 5 diffusera tous les jours à partir du 23 mars un magazine intitulé “La maison Lumni”, constitué de capsules pédagogiques et adaptées au niveau scolaire des enfants. Cela concerne les révisions des 8-12 ans dans un premier temps.
Tout cela s’appuie sur la plate-forme Lumni (anciennement France TV Éducation) qui propose depuis quelques mois un accès à la culture, au savoir et à la connaissance. Elle propose aux enfants seuls ou accompagnés d’apprendre autrement, prolonger les cours et comprendre le monde qui nous entoure. Et elle permet aux professionnels de l’éducation de disposer de ressources expertisées au service de la transmission et de l’apprentissage.
–> https://www.lumni.fr
Les autres chaînes adaptent également leurs programmes avec des contenus destinés à la jeunesse. Il convient se regarder ce que cela donne concrètement…
Aider les professeurs
Le souci du cours en ligne ressort de partout avec force. L’UNESCO publie ainsi un guide pour accompagner les 776 millions d’apprenants touchés par les fermetures d’écoles.
En plus de portails d’apprentissage, l’UNESCO dévoile une liste d’outils qui doit permettre aux professeurs de simplifier leurs méthodes d’apprentissage. On pense notamment à ClassDojo, Google Classroom, KaiOS, ou encore Can’t Wait to Learn, Kolibri, Rumie et Ustad Mobile. Des plateformes de visio-conférence ont également été proposés. C’est notamment le cas de Dingtalk, Hangouts Meet ou encore Zoom.
Avec ce guide en ligne, l’UNESCO veut réduire les perturbations dans le domaine de l’éducation et faciliter la continuité de l’apprentissage, en particulier pour les plus vulnérables.
–> https://siecledigital.fr/2020/03/17/lunesco-presente-un-guide-en-ligne-pour-accompagner-les-776-millions-dapprenants-touches-par-les-fermetures-decoles/
La toile va t’elle tenir ?
C’est un afflux mondial sur la toile (nom doux d’internet). Entre le télé-travail prôné en entreprise, les cours à distance, les communications familiales et amicales vers ceux qu’on ne peut plus visiter, et l’ennui du confinement poussant sur les jeux ou les films en ligne,… cela déborde. Pour le moment c’est juste ralenti. Mais un message d’erreur a empêché plusieurs enfants de se connecter au début de semaine. L’Éducation Nationale fait au mieux pour rétablir le problème. À ce propos, la startup lyonnaise Tilkee a proposé de mettre sa plateforme à disposition des enseignants pour faire face à la fermeture des écoles, lycées et universités.
La Fédération française des télécoms (FFTelecom), rassure en disant que : “cela fait plusieurs semaines que les opérateurs télécoms se préparent. Ils se sont organisés en brigades, pour limiter les contacts entre les salariés, tout en étant à même d’assurer le maintien des réseaux et la continuité de service pour le télétravail“. À suivre…
Tirer les leçons pour bâtir le futur
Il y aura un avant et après coronavirus, sur de nombreux plans de notre vie et de l’organisation de nos sociétés. Il y a des points à revoir certes sur les plans sanitaires, économiques, politiques, écologiques… et pour ce qui me préoccupe ici aujourd’hui, sur ce qu’on appelle à tort ou à raison la fracture numérique.
La façon de gérer cette crise illustre très bien l’ampleur de la place du numérique dans nos sociétés. Laisser de côté des millions de nos concitoyens est insupportable. Jusqu’à présent certains se cachaient la réalité. On ne peut plus fermer les yeux.
On en reparle…
Michel Lansard
PS : si vous avez des témoignages à partager, n’hésitez pas…