Il n’y a qu’un seul dieu, le mien !

Grâce à MON dieu, j’ai eu de la chance à ma naissance. La chance d’être humain si j’en crois les bouddhistes.
La chance d’être né à la bonne époque, au bon endroit, dans la bonne famille, celle qui connait le vrai dieu qu’elle honore à travers la bonne religion…

À moins que cela soit une bonne fée qui ait veillé sur moi 😉

Berceau

La croyance de sa naissance

Puis je rencontre David qui me dit que c’est lui qui a eu la chance de naître dans une famille juive qui respecte Yahwé. Jacqueline me parle de sa famille catholique qui lui a permis de connaître Jésus, le seul dieu.  Amrin  est fier d’être né dans une famille bouddhiste qui suit l’enseignement de l’Éveillé par les principes du Theravada. Azia n’a aucun doute puisque sa famille suit l’enseignement du Saint Coran… Robert rigole de tout cela, puisque grâce aux siens, il sait depuis tout petit, qu’aucun dieu n’existe… Et Jeanne me parle du grand architecte de l’univers, si évident pour sa famille franc-maçonne…

Diable, si j’ose dire… Qui a raison ?

Pas facile, d’autant que depuis que l’humanité existe, le nombre de religions s’est compté par plusieurs milliers… Beaucoup ont disparu, mais pas autant qu’on le croit…

Pagnol

Pagnol nous laisse un délicieux dialogue sur le thème. Lorsque Panisse se meurt, le curé vient lui donner ce qui s’appelait alors l’extrême onction. Ses amis s’interrogent. Parmi eux il y a Claudine et César…

Claudine est scandalisée par César. Celui-ci se dit que Panisse est bien préparé à rencontrer le dieu du curé, mais que se passera t-il s’il arrive devant un autre dieu, noir, jaune ou rouge…  à qui on ne l’a jamais présenté ?

Claudine : « si vous alliez un peu plus souvent à l’église, au lieu de boire tant de pastis, vous sauriez qu’il n’y a qu’un Bon Dieu ! Et ce Dieu, c’est le nôtre. »
César : « oui, évidemment, le bon, c’est le nôtre. Mais alors, sur la terre, il y a beaucoup de gens qui sont couillonnés. Ça me fait de la peine pour eux. » (1)

Gamaliel

Quittant Pagnol, me voici dans les actes des apôtres.

On y voit Gamaliel devant juger l’apôtre Pierre et débattre à propos des premiers chrétiens. Il s’adresse alors à ses confrères : « Ne vous occupez pas de ces gens là, laissez-les. Car si leur intention ou leur action vient des hommes, elle tombera. Mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez pas les faire tomber. Ne risquez donc pas de vous trouver en guerre contre Dieu« . (2)

Autres textes

Je vous invite à relire certains passages du traité de la tolérance de Voltaire cités dans un de mes billets précédents. (3)

Je pense aussi à une sourate du Coran : « nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez ». (4)

C’est quand même plus positif que le « tuez les tous, Dieu reconnaitra les siens » attribué à un célèbre inquisiteur dans la lutte contre les cathares. (5)

Pourquoi les humains ne pourraient-ils pas vivre ensemble avec leurs différentes croyances spirituelles (au sens large du terme) ?

Un quartier montréalais

J’ai passé 6 ans et demi dans le quartier du Mile End, à Montréal (Québec). C’était un peu le quartier où, à l’époque du moins, arrivaient les immigrés, avant de savoir s’ils allaient aller du côté plus ou moins pauvre de la ville. Il y avait des dizaines et des  dizaines de nationalités différentes. Et donc des croyances très différentes. Ici une maison arborait une croix. Là une autre affichait un gros point rouge (hindouiste)…
Certes tout le monde n’était pas copain avec tout le monde, et passé devant une maison Hassidi en promenant mon chien, faisait  s’envoler toute la famille dès que l’animal était repéré…  Mais on ne se tapait pas dessus, personne ne se faisait exploser au milieu des autres, on ne parlait pas d’apostasie et autre blasphème…

Un samedi lyonnais

Il y a quelques années dans le quartier lyonnais où était mon bureau, il y avait une synagogue. Il m’est arrivé plusieurs fois, un samedi, de passer devant un immeuble et d’apercevoir, à l’intérieur, sagement alignée dans l’entrée, toute une famille juive orthodoxe. Il était facile de le savoir grâce, entre autre, aux kippas masculines.

Devant l’immeuble… des passants… passaient.

À chaque fois je me suis arrêté, et j’ai ouvert la porte de l’immeuble. J’ai toujours eu alors de grands sourires et des mercis. Et oui, pour eux, on n’utilise pas l’électricité je jour du sabbat. Ils ne pouvaient pas ouvrir la porte de l’immeuble (bouton électrique). Ils attendaient, si j’ose dire, un bon samaritain qui l’ouvre 😉

Je rêve…

Un rêve positif, un rêve d’espoir,… comme le « I have a dream » de Martin Luther King. (6)

Si chacun se contentait de croire ce qu’on lui a appris à croire étant enfant, sans pour autant excommunier ceux à qui on a appris une autre croyance, tout cela ne poserait pas trop de problème. Malheureusement, au fil du temps, on a trop vu de massacres et autres guerres prétendant défendre un dieu unique.

Revenons sur mon samedi. Ouvrir la porte à cette famille ne me coûtait rien, si ce n’est 5 secondes de mon précieux temps. Mais si je pouvais le faire, c’est que je connaissais cette règle religieuse. Le problème aujourd’hui est qu’on ne sait plus grand chose de ce qui touche au religieux, de près ou de loin. C’est d’ailleurs cette ignorance qui amène la peur. La peur de l’autre, de l’étrange, de l’étranger.
Et la peur peut grossir, grossir… et devenir haine…

Il est donc urgent de multiplier les espaces-temps  de rencontre, dialogue, enseignement des faits religieux,…
Seule la connaissance rend libre et fort, pour pouvoir accueillir l’autre dans sa différence….

Michel

PS : Merci à Bernard Chevillat, directeur de la revue Ultreïa, qui m’a inspiré une partie de ce billet grâce son éditorial du printemps dernier 😉

Notes :
  1. La mort de Panisse apparait dans le troisième volume de « La Trilogie marseillaise » constituée  des trois textes de Marcel Pagnol :  Marius, Fanny et César.
  2. Actes des apôtres (5, 27–41)
  3. –> http://jautre.com/voltaire-et-la-tolerance/
  4. Coran – Sourate 49, verset 13
  5. Cette déclaration est attribuée au légat du Pape Innocent III, Arnaud Amaury, pendant le sac de Béziers, en 1209. Consulté sur ce qu’il y avait à faire des catholiques mêlés aux hérétiques dans Béziers, il aurait répondu:  « Caedite eos. Novit enim Dominus qui sunt eius » qui se traduit plutôt par : « Massacrez-les, car Dieu connaît les siens« .
    Notons cependant que certains historiens contestent la véracité de cette sentence.
  6. Discours au Lincoln Memorial à Washington D.C. le 28 octobre 1963.
    –> http://jautre.com/martin-luther-king

Une réflexion au sujet de « Dieu, Bouddha, Gamaliel, Pagnol, Voltaire et autres »

  1. J’aime beaucoup la façon dont tu finis ton article. Cela me pousse à faire un pas de plus vers l’autre. Un pas pour apprendre. Un pas pour comprendre.

    Quand on arrive à lier connaissance et vivre ensemble, il se produit souvent de belles choses.

    Yves

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