Pénurie : un vieux mot qui frappe comme s’il était nouveau

Le panneau est clair à l’entrée de la pharmacie : « nous n’avons plus de masque ni de gels hydroalcooliques « .

Masque_gel

Certains sont quasi tétanisés.

Inutile de leur dire que s’ils ne sont pas malades le masque n’est pas utile, voir est même contre productif (voir l’usage de certains sur mon marché de quartier…).
Inutile de leur dire que le savon est tout à fait suffisant pour se laver les mains.
Pour eux la situation est scandaleuse, et les menace directement. Et bien souvent ils ajoutent que c’est la faute du gouvernement, pour ne pas dire Macron en personne.

C’est vrai que l’on manque de masques, surtout pour les soignants et tous les professionnels qui continuent à assurer des services comme l’alimentation, le ramassage des poubelles, la poste… Mais ce n’est pas nécessaire pour tout le monde. Et surtout je m’insurge si on se contente de taper sur Macron.

Ah ce fameux bouc émissaire si pratique

Ne nous trompons pas. Mon propos n’est pas de défendre le président en exercice. Ayant travaillé sur la stratégie pauvreté, j’ai beaucoup de choses à en dire…

Mais il est important de bien voir que ce n’est pas lui qui a pris la décision de réduire le nombre de masques. Cela a été fait avant lui, essentiellement en 2011. Et là il ne s’agit pas de tomber à bras raccourci sur Sarkozy ou Hollande. Ce n’est pas le sujet ! Car cette disparition du stock initial s’est fait aussi par plein de décisions apparemment mineures et dispersées, dans les différents territoires de notre pays.

La dure loi des décisions

Pourquoi est-ce intéressant ? Parce que cela illustre fortement que notre vie d’aujourd’hui est faite des décisions d’hier. Et de prendre conscience que nos décisions d’aujourd’hui fabrique (ou menace) la vie de demain, celle de nos enfants et petit-enfants. Cela illustre aussi que la collectivité est dépendante des petites décisions prises de ci de là (y compris des notres d’ailleurs)…

Nous devons arrêter de revivre en permanence la décapitation de Louis XVI.

Taper sur Macron (ou autre) défoule. Mais il ne faudrait pas que cela nous empêche de réfléchir à ce qu’il faut changer dans notre vie d’aujourd’hui.

Écologie, numérique…

On pense bien sûr à notre mode de vie, de consommation, de fabrication, d’éducation… qui contribue fortement aux désastres écologiques et sociaux… Il va falloir changer plus vite.

Mais je pense aussi à la numérisation de la société. Cela fait des années que j’ai l’impression de crier dans le désert en disant que c’est inéluctable, que l’on n’en prend pas conscience, qu’une partie importante de nos sociétés en est exclue. Depuis quelques mois cela bouge légèrement mais encore trop lentement. Récemment alors que je plaidais pour créer des formations sur le numérique pour des personnes en situation de précarité, on me répondait qu’ils n’en auraient jamais besoin !

Aujourd’hui on prend en pleine face la fracture numérique dans le confinement, avec des milliers d’enfants qui n’ont pas les moyens de faire la classe à la maison, pour ne parler que de cet aspect.

Je pense aussi à ceux et celles qui sont à la rue (pas de toit pour se confiner) et qui dépendent dans leur survie quotidienne de leur smartphone, qu’ils ne peuvent presque plus recharger ou que les opérateurs déconnectent parce que les forfaits sont trop vite atteints en cette dure période…

Conclusion temporaire

Oui il y a des urgences ! Et en même temps (sans macronisme) toute crise est une opportunité !
J’espère que nous saurons profiter de celle-ci pour changer tout ce qui est nécessaire sur les plans économiques, sociaux, éducatifs, numériques… et pas seulement sanitaires.

Et si ce « connard de virus » ne m’emmène pas avec lui (je suis dans l’âge critique), j’espère pouvoir continuer le combat pour changer ce qui doit être changé.

Cette semaine une de mes nièces vient de mettre au monde, oui CE monde, une petite Agathe. Quand je vois le sourire de cet enfant, cela donne des forces pour lui préparer une vie meilleure…

Merci Agathe 😉

 

Michel Lansard

 

 

Une réflexion au sujet de « Pénurie et futur »

  1. Bravo pour cet article, qui met très bien en évidence à la fois l’impact sur le futur de décisions ou non décisions d’un jour et les responsabilités de chacun, et qui donne du souffle à un avenir souhaitable !

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